Concept de SOI
Voici ce que pense le philosophe écossais David Hume (1711-
1776) sur l'identification du Moi!
Lorsqu'il analyse le concept de SOI, à la fin de son livre intitulé
“ Traité de la nature humaine”, David Hume, philosophe
écossais du 18ième siècle, propose le raisonnement suivant :
le Moi est supposé être stable et substantiel, alors que toutes
les impressions sont variables. Il n'y a donc pas d'impression
à partir de laquelle nous pourrions dériver une idée du Moi. Le
« Moi », s'il est une idée, semble donc, a priori, une idée
fictive.
Cette conception rompt avec la métaphysique classique,
illustrée par le cogito cartésien : Je pense donc je suis! Elle
rejette la conception substantialiste de l'âme , selon laquelle
celle-ci serait une substance métaphysique immatérielle,
immortelle, ontologiquement différente des phénomènes.
Dès le départ, Hume rejette cette conception : la science de
l'homme cherche à analyser et à comprendre le
fonctionnement de l'esprit; elle suppose que l'esprit est un
phénomène, soumis aux mêmes lois de causalité que tout
autre phénomène dans l'univers, et qu'on peut l'étudier par les
mêmes moyens.
Toutefois, l'esprit est constitué de divers éléments impalpables
i.e les différentes « influences philosophiques », l'imagination
... et il voit se déverser, en lui, des perceptions très diverses.
Hume poursuit en constatant que nous sommes tentés de
croire, spontanément, en l'existence d’un Moi, en l'idée que
nous sommes un Esprit unifié. Alors, se demande-t-il :
“Comment l'idée de Moi naît-elle?”
“Nous avons tendance à penser que nous sommes toujours la
même personne, que notre Moi actuel est le même qu'il y a
cinq ans, malgré les changements qui affectent de nombreux
aspects de notre personnalité. Nous pourrions, à partir de là,
rechercher un Moi sous-jacent, un substrat qui demeure le
même sous les autres changements, puis nous demander
quelle est sa nature et ce qui le distingue des changements
qui nous affectent.”
Mais Hume nie que nous puissions faire la moindre différence
entre un Moi indépendant et les changements dont on prétend
qu'ils lui appartiennent, ou qui en découlent. De fait, lorsque
nous nous examinons nous-mêmes, nous ne pouvons
percevoir que des ensembles d'idées et de sentiments.
L'introspection ne permet jamais de percevoir une substance
distincte, que nous pourrions appeler « MOI ».
À ce niveau de l'analyse, le Moi n'est rien d'autre qu'un
agrégat de perceptions inter-reliées, et, selon Hume, ces
perceptions n'appartiennent à rien de distinct, puisqu'elles
composent le Moi lui-même. L'âme, ou l’esprit, serait ainsi une
communauté de perceptions qui possède une certaine
identité, non en vertu de son essence, mais par la composition
d'éléments changeant continuellement.
Le problème de l'identité du Moi se transforme alors, pour
Hume, en celui de l'unité de l'expérience individuelle, car
l'esprit ne peut saisir de relation réelle qui expliquerait, selon
lui, que certaines sensations et pas d'autres forment un tout
composé, appelé « Moi ».
En effet, si l'on considère un individu, il est difficile de trouver
quelque chose qui constitue son identité, en dehors du
fonctionnement logique de son esprit. Ce fonctionnement
logique ne suffit pas à garantir l'identité propre d’un l'individu,
puisqu'il constitue un pattern similaire pour tous les individus,
et est représentatif de la Nature humaine.
La seule solution au problème de l'identité, selon Hume,
repose dans sa réalité historique, i.e. c'est par son historique
que l'individu forge son identité, qu'il la constitue, et qu'il
devient un Moi unifié. En définitive, l'esprit individuel, ou le
Moi, n’existe que par son tracé historique.
© Ananda 2014
David Hume
La seule solution au problème de
l'identité, selon Hume, repose
dans sa réalité historique, i.e.
c'est par son historique que
l'individu forge son identité, qu'il
la constitue, et qu'il devient un
Moi unifié. En définitive, l'esprit
individuel, ou le Moi, n’existe que
par son tracé historique.
Basique / OUT